Comment discerner la vérité

Cet article décrit le raisonnement que j’utilise quand je compose la plupart des articles sur ce site.

Le processus est basé sur deux axiomes:

1. la vérité n’est pas être subjective

2. la vérité ne peut pas se contredire

Puisque la vérité n’est pas subjective, certaines idées sont plus objectives que d’autres. Cela veut dire que peu importe votre vision du monde, vous pouvez toujours l’améliorer pour la rendre plus objective. On peut en conclure qu’il y a toujours des nouveaux défis à relever.

L’idée que la vérité ne se contredit jamais est un axiome très puissant. Les mensonges peuvent être cohérents les uns avec les autres, mais un soupçon de vérité fera ressortir les contradictions. Vous pouvez utiliser ce principe pour découvrir ce qui est vrai et ce qui est faux. Je m’explique.

Il est difficile de savoir si une idée en soi est vraie ou fausse, tout comme il est difficile de savoir à quel casse-tête appartient chacune de deux pièces qui se ressemblent. Mais au fur et à mesure qu’on accumule les idées qui ne se contredisent pas, il devient beaucoup plus simple de savoir si leur ensemble tient la route. En partant d’une pièce ambigue, on trouve d’autres pièces qui s’y emboîtent, et bientôt on découvre lequel des deux casse-tête on a assemblé.

On peut aussi faire une analogie avec l’orpaillage : vous commencez avec une quantité importante de vase, et vous la dispersez en secouant la bâtée pour y trouver les paillettes d’or. Cela démontre qu’il est important de s’approvisionner continuellement et abondamment de documentation pour lire, discuter et y réfléchir, et ensuite la trier ou la filtrer par intuition et par la pensée critique pour révéler la vérité.

Plutôt que de chercher ce qui est vrai dans une théorie, il est mieux de chercher ses failles. On peut débattre indéfiniment des centaines de faits qui appuient un seul mensonge, mais personne ne peut contester un seul fait qui en réfute des centaines.
Souvenez-vous que dans la mesure où vos opinions ne se contredisent pas, il est probable qu’elles soient dans leur ensemble soit entièrement fausses, soit entièrement vraies. Jumelez ce principe avec les cinq étapes décrites ci-dessous, et vous aurez une méthode d’analyse efficace pour discerner ce qui est vrai. La découverte de la vérité est un cycle qui passe par la recherche de nouvelles informations, la formulation de théories, l’élimination des contradictions, pour revenir encore à de la recherche.

Mais surtout, la vérité se vérifie toujours par la logique et l’intuition, mais jamais par l’une sans l’autre; elles doivent toujours marcher en tandem. S’il y a conflit entre les deux, vérifiez vos idées a priori sur lesquelles vous basez votre raisonnement. Servez-vous de la logique pour analyser et de l’intuition pour vous guider.

Le processus fonctionne comme suit :

1) Rassemblez de nouvelles idées par le recueil, l’observation, la discussion ou la lecture. Ensuite, concentrez-vous sur un mystère, une contradiction, un ensemble d’observations ou toute autre chose qui nécessite d’être expliquée ou résolue.

2) Pour arriver à une bonne théorie qui explique tout cela, partez avec un ensemble infini de toutes les possibilités. Considérez tout, même ce qui peut sembler farfelu. Devinez, procédez par intuition.

3) Au fur et à mesure que les idées vous viennent à l’esprit, procédez de façon critique par élimination de tout ce qui est auto-contradictoire et absolument impossible. Cherchez les failles, essayez de démonter ces idées.

4) Des théories en béton qui restent, choisissez celle qui :

• explique tous les faits
• explique les faits mieux que toutes les autres théories
• explique les faits que les théories précédentes ne pouvaient expliquer
• est cohérente et ne présente pas de contradictions internes
• a du bon sens
• semble correcte à votre intuition

5) Cette théorie vaut la peine d’être retenue si :

• elle prédit des choses qui seront confirmées plus tard par observation
• vous pouvez y établir des liens à partir de sources indépendantes

6) Si vous rencontrez quelque chose qui remet cette théorie en question :

• vérifiez pour être certain que la remise en question n’est pas une illusion de paradoxe entraînée par des a priori fallacieux ou un point de vue incorrect
• Vérifiez que la remise en question est bien valide, et qu’elle n’est pas elle-même basée sur des idées contradictoires et incohérentes
• modifiez la théorie pour la rendre compatible avec les contradictions
• essayez d’arriver à une nouvelle théorie qui explique le tout de façon plus élégante que la précédente

Cela est diamétriquement opposé au processus utilité en sciences et en mathématiques, où l’on commence avec des axiomes qui servent de fondation pour les nouvelles théories. Le problème avec cette méthode, c’est qu’elle part avec un ensemble très limité et progresse lentement vers le haut comme un stalagmite. Si les a priori sont faux, alors tout est à recommencer. Avec ce processus, il est impossible de sauter des étapes, puisque chaque étape doit être validée par le statu quo avant qu’on puisse passer à la suivante. Ce processus ne permet pas les sauts dans l’inconnu tant du côté logique que intuitif, et par conséquent, elle freine les révolutions conceptuelles. C’est un processus inflexible, certes avantageux dans les domaines à hauts risques où l’on a grand besoin de sécurité et de garanties, mais extrêmement lent en ce qui concerne les nouvelles découvertes. Dans ce processus, la créativité se manifeste seulement pendant la formation des axiomes de base, ou par hasard pendant le parcours.

En revanche, cet article décrit un processus où l’on commence avec un ensemble infini, pour rejeter petit à petit tout ce qui ne colle pas. Cela signifie, au point de vue du raisonnement logique, qu’on n’a pas besoin de sauter par dessus l’abîme puisqu’on est parti de l’autre côté. C’est beaucoup plus facile de bâtir un pont quand on est déja de l’autre côté. De même, une fois que ce processus a confirmé une idée révolutionnaire, il est beaucoup plus facile de revenir en arrière pour bâtir le pont. De plus, pour associer les idées les unes avec les autres et faire le tri entre la vérité et les mensonges, il faut de la créativité à chaque étape. Cette méthode est donc la meilleure pour favoriser la rapidité de l’innovation.