Le piège du dualisme combatif

montalk.net » 28 ctober 06

Les philosophies « amour et lumière » du Nouvel Âge ont beaucoup été critiquées pour leur ignorance du côté obscur de la réalité, parce qu’elles versent dans le déni et la pensée magique, et parce qu’elle réduit ses partisans des chiffes molles. Le concept de « créer sa propre réalité » (YCYOR, « You Create Your Own Reality ») est le point central de cette paradigme, suivant l’affirmation que tout ce qui se passe autours de vous reflète ce qui se passe à l’intérieur de vous. Pour appuyer cette thèse, on peut observer que la pensée positive attire les expériences positives et la pensée négative attire les expériences négatives; à mon avis, cela n’est pas faux.

Mais une erreur fatale de la thèse du YCYOR est la déduction que l’on peut empêcher les influences obscures de s’introduire dans sa réalité en niant leur existence. Le problème, c’est que l’ignorance et le déni de ce qui a son existence propre et indépendante donne à celui-ci la marge de manœuvre de faire des choses que vous refusez de voir. Par exemple, votre côté sombre, l’obscur qui existe en vous, a ses propres desseins et désirs et il continuera à vous manipuler peu importe si vous essayez de faire semblant qu’il n’existe pas, et ses désirs influenceront vos pensées et votre comportement sans que vous ne le sachiez. De même, si vous refusez de voir l’obscur en dehors de vous, à savoir la pléthore de forces prédatrices sous formes humaines et non-humaines ainsi que les conséquences extérieures des mauvais choix que vous avez faits au cours des années, vous devrez inéluctablement vous attendre à ce que ceux-ci vous tirent brutalement de votre sommeil. En d’autres mots quand on choisit les vœux pieux et le déni plutôt que d’être conscient et responsable, alors la réalité vous rattrapera un jour ou l’autre. Pour une discussion plus poussée sur YCYOR, consultez mon article La vraie création de la réalité (traduction à venir).

Inutile de dire que d’être échaudé par la pensée positive pieuse ou voir l’ignorance et l’hypocrisie qu’elle engendre chez les autres peut vous faire fuir. Mais dans votre fuite, vous risquez de vous jeter dans la gueule du loup qui vous attend de l’autre côté, c’est-à-dire la négativité à l’extrême et le dualisme combatif. Par exemple, si YCYOR ne fonctionne pas pour vous, il est facile de céder à l’amertume et de jeter le bébé avec l’eau du bain, de rejeter la « pensée positive » comme une forme de faiblesse et de déni quand en réalité, le problème était que cette attitude positive n’était pas accompagnée d’une conscientisation équilibrée. Alors, au lieu de la positivité combinée avec la conscientisation, vous pourriez choisir de vous conscientiser aux dépends de la positivité. Cela n’est guère mieux, puisque tandis que le fait d’être conscientisé vous prépare à faire face à des phénomènes négatifs, une attitude négative ne fait qu’augmenter la fréquence et la sévérité de ces phénomènes. C’est comme si vous vous étiez rendu compte qu’un tuyau avait sauté et que vous perdiez votre temps à essayer de le réparer sans avoir d’abord coupé l’eau.

Pour être clair, le dualisme est la croyance en deux choses qui s’opposent l’une l’autre de manière irréconciliable, comme « le bien ou le mal » ou « l’esprit ou la matière », alors que ce que j’appelle le dualisme combatif, c’est d’admettre que le mal existe, mais de devenir maladivement zélé à vouloir le détruire au point d’y ressembler de plus en plus. Ce dualisme extrême est ancré dans l’ego qui veut venger une injustice perçue, mais en employant des moyens eux aussi ancrés dans l’ego. Ceux qui sont ancrés dans cette vision des choses se vantent d’être réalistes tout en se justifiant en tournant en dérision les alternatives subjectives comme le Nouvel Âge. Évidemment, ce mode de pensée binaire vient du fait qu’ils ne sont pas conscients de l’existence d’une troisième perspective plus holiste, ou refusent de l’admettre. Ils ne voient que ce qui est faux dans une demie-vérité et ce qui est vrai dans une autre, tout en vantant le second comme étant vastement supérieur au premier quand les deux sont tout aussi déficients.

Quelque chose d’intéressant se passe avec ceux qui ont une préoccupation fondée sur la peur pour les influences obscures dans leurs vies. Ils se mettent à boxer dans le vide, à combattre des phénomènes qu’ils ont eux-même créés ou qu’ils se sont eux-mêmes attirés. Quelles sortes de phénomènes ? Cela dépend de leurs croyances, mais par cela j’entends quelque chose comme une augmentation massive de filatures en public par des types suspects, du harcèlement par des hélicoptères noirs, des indications d’être sous surveillance ou d’avoir été manipulé, du harcèlement constant par des entités obscures astrales et éthériques, des enlèvements traumatiques et continus par des extraterrestres, et ainsi de suite. Ces choses peuvent avoir leur propre existence, mais elles sont attirées et activées par une conscience faussée et une attitude négative, surtout – il est important de le mentionner – si l’on interprète faussement ces « attaques » comme une confirmation nécessaire que l’on est dans la bonne voie, que l’on a irrité les forces obscures en leur mettant des bâtons dans les roues. Cette croyance erronée ne sert qu’à rendre encore plus turbulent ce qui est déjà devenu un cheminement difficile.

Les attitudes négatives viennent avec une fréquence d’âme réduite, et une fréquence réduite engendre une augmentation de la fréquence des fausses perceptions et de la tangibilité des interactions avec les entités négatives. Alors, la peur et la combativité ne font qu’attirer plus de choses à craindre et à combattre que nécessaire. Contrairement au paradigme YCYOR, il n’est pas suffisant de vous défaire de votre attitude négative pour résoudre le problème, puisque même si vous n’attirez pas quelque chose, cette chose peut de son propre gré s’attirer vers vous; c’est donc là qu’il est important d’être conscient pour bloquer mentalement ces problèmes ou les tuer dans l’œuf.

Quand vous êtes confronté au fait que les forces obscures existent et opèrent dans votre vie et dans ce monde, vous perdez une partie de votre innocence. Mais cette innocence n’est que de la naïveté qui devait disparaître tôt ou tard, alors bon débarras. Néanmoins, ils se peut que vous passiez par les cinq stades du deuil : le déni (« Nan, pas possible ! »), la peur (« Oh mon dieu ! »), la colère (« Ces fils de pute ! »), l’acceptation (« Rien que je peux faire… »), la compréhension (« Aha, je vois tout maintenant ! »). La pensée magique du Nouvel Âge se trouve dans le premier stade. Le dualisme combatif est resté bloqué dans le stade de la peur et de la colère, où il manque à la conscience du problème une compréhension de plus haut niveau, une attitude plus équilibrée, et la conscience du côté positif de la réalité. Son centre de gravité est l’ego, et pour l’ego, ce qui est positif, c’est tout que ce qui puisse le flatter, le réconforter et l’alimenter.

Ce n’est que par une prise de conscience exhaustive combinée avec une attitude équilibrée de positivité que le centre d’équilibre se déplace vers le cœur de l’âme, et c’est seulement là, par vos actions responsables, que le circuit se ferme et la vie commence à changer pour le mieux. Il y a une distinction ‘a faire entre le dualisme combatif et le dualisme équilibré. Je suis tout à fait favorable au dualisme, puisque l’existence même du libre-arbitre oblige que le choix entre respecter et rejeter la Création soit permis, ce qui nécessite une moitié positive et une moitié négative dans l’échelle évolutionnaire spirituelle. Le secret, c’est d’être conscient des deux moitiés de cette dualité et de la place que chacune occupe dans l’ensemble. C’est la compréhension de ce contexte global qui vous donnera la perspicacité et la sagesse nécessaires à résoudre vos problèmes sans perdre votre base spirituelle.

Avec une prise de conscience accrue, un ajustement d’attitude et de l’introspection, ceux qui ont été pris au piège du dualisme négatif et combatif peuvent s’en sortir. Voici quelques suggestions qui abondent dans ce sens.

• Remplacez la paranoïa émotionnelle et la combativité orgueilleuse par de l’humilité, de l’humour et de la nonchalance. Oui, les forces négatives existent et ont intérêt à ralentir votre progression spirituelle, mais l’ego, la peur et l’obsession les attirent comme le sang attire les requins. Riez de leurs tactiques d’intimidation, et ils se rendront compte que leurs efforts pour vous emmerder ne mènent à rien. Traitez la menace comme le danger de vous faire écraser en traversant la rue – ne traversez pas en courant comme un fou avec les yeux écarquillés, sinon vous risquez de trébucher et, effectivement, de vous faire écraser. Ne sautillez pas non plus dans la rue en hurlant et en faisant des doigts d’honneur aux passants, sinon vous risquez de vous faire tirer dessus. Regardez tout simplement des deux côtés et traversez…

• Apprenez à utiliser vos intentions en les combinant avec des émotions positives pour concrétiser de la protection et d’autres choses bénéfiques. Reconnaissez et nourrissez la confiance et la force spirituelle en vous plutôt que de dépendre uniquement de stratagèmes externes et de gadgets. Et si vous essayez de concrétiser quoi que ce soit ou de vous adonner à quelque routine de prière, n’oubliez pas que ce n’est pas tant le contenu de cette routine que l’attitude sous-jacente qui détermine les résultats. Si vous priez d’être sauvé par une force supérieure, mais qu’au fond de vous-même vous avez une attitude victimaire et défaitiste, alors c’est celle-ci qui prévaudra.

• Prenez conscience de vos problèmes affectifs tels que l’égoïsme, l’irascibilité, l’attitude victimaire, la vengeance, la suffisance et les insécurités, au lieu de les nier et de les refouler. Si vous les niez, ils ne feront que s’envenimer et gonfler jusqu’à explosion, ce qui vous fera réagir avec émotion et de façon irrationnelle. Ils peuvent aussi devenir à votre insu la fondation de vos croyances, en remplaçant ce qui devrait être un pur intérêt à rechercher la vérité. Quand une croyance est attachée à une identité fondée sur l’ego, toute personne qui remet en question cette croyance sera perçue par elle comme une menace vouée à sa destruction, ce qui peut provoquer une réaction assez hargneuse. Prenez conscience de ces problèmes, et ensuite vous pourrez les gérer.

• Arrêtez de croire que le fait que vous soyez la cible des forces obscures signifie qu’elles se vengent de quelque chose de bien que vous avez fait, que cela signifie que vous êtes nécessairement sur la bonne voie. Non, plus vous vous égarez, plus elles peuvent facilement vous embêter, et plus votre réalité, en tant que mécanisme de rétroaction, deviendra irritante pour vous avertir que vous vous écartez du bon chemin. Si vous constituez une réelle menace, ces forces ne badineront pas avec du cinéma – elles vous mèneront une lutte à mort, et essaieront soit de vous éliminer par un accident ou une maladie, soit de se faufiler dans votre esprit et de vous programmer pour que vous vous détruisiez vous-même à votre insu, ainsi que tout ce que vous avec bâti. J’ai appris cela par expérience.

• Aiguisez votre sens critique et améliorez votre capacité à repérer les sophismes et la subjectivité. Exercez-vous également à lire les vibrations des gens pour détecter ceux qui semblent « louches » – la sensation ressemblera à ce que vous ressentiriez face à un vendeur de voitures d’occasion qui essaie de vous refiler une épave : beau parleur, mais louche. Vous sensibiliser aux tromperies vous immunisera et vous donnera le champ libre pour explorer des voies plus prometteuses.

• Élargissez vos horizons de recherche. Si une personne est accusée d’être un agent de désinformation, vérifiez le contenu de ses contributions et essayez de trouver plusieurs raisons pourquoi l’accusation serait vraie ou fausse. Recherchez des sources de qualité qui vous donnent des nouvelles idées et ajoutent de nouvelles bribes de connaissances à votre arsenal.

• Tout en demeurant conscient du modus operandi des forces obscures et de leur influence sur vous et votre entourage, ajustez votre attitude pour être plus constructif, plus optimiste, et de meilleur caractère. Exercez-vous à voir le bon côté des choses et des gens. Concentrez votre énergie à faire germer et à faire croître quelque chose qui vous donne de la satisfaction spirituelle – l’objectif n’est pas tant de mener un combat contre les forces obscures que de les affamer en créant un monde meilleur. Le but de tout cela est surtout de rehausser la fréquence de vos vibrations pour que vous ne soyez plus dans le merdier jusqu’au cou (voir l’article: Realm Dynamics traduction à venir). Même si les conditions sont mauvaises, faites un choix conscient de rester lucide et de rester en surface au point de vue émotionnel au lieu de vous enliser dans la négativité et la haine de soi. Surveillez vos pensées et vos émotions, parce que ce qui se passe à l’intérieur de vous est en corrélation approximative avec ce qui se passe à l’extérieur.

Dans La Science Occulte, Rudolf Steiner a écrit ceci :

Pour façonner la pensée et la sensibilité, il y a un autre moyen : c’est la conquête de la qualité que l’on peut appeler positivité.

Il existe une belle légende qui nous raconte que Jésus-Christ passait un jour avec quelques disciples auprès du cadavre d’un chien. Tandis que les autres se détournent du hideux spectacle, Jésus parle avec admiration des belles dents de l’animal. On peut développer en soi à l’égard du monde extérieur un état d’âme comme celui dont parle cette légende. C’est-à-dire que les choses erronées, laides, mauvaises ne doivent jamais empêcher de voir le vrai, le beau et le bien partout où ils se rencontrent. Il ne faut pas confondre cet esprit positif avec l’absence de critique, avec la volonté de fermer les yeux [YCYOR] à tout ce qui paraît mauvais, faux ou médiocre. Pour admirer les belles dents de l’animal en décomposition, on n’en voit pas moins le cadavre pourrissant. Mais la vue du cadavre n’empêche pas de voir les belles dents. Il est impossible de faire que le mal paraisse bien, ou l’erreur, vérité : mais on peut parvenir à ce que le mal n’empêche pas de voir le bien ou l’erreur la vérité.